Régionales : le front républicain tiendra-t-il face à la vague d’extrême droite ?

Les sondages pour les régionales indiquent que le RN est en tête dans près de la moitié des régions. Les scrutins des 20 et 27 juin mettront donc à l’épreuve la solidité du « front républicain ». Alors qu’il avait barré la route à l’extrême droite en 2015, ce front semble de moins en moins solide.

 

Le RN fait la course en tête dans six régions sur 13 en jeu aux prochaines élections régionales. Des présidents sortants ont déjà annoncé leur intention de s’allier pour le battre. Mais, les régionales et les départementales du 20 et 27 juin seront un test du « front républicain », à un an des présidentielles.

Le scrutin à la proportionnelle de ces deux élections favorise le parti de Marine Le Pen. Le RN pourrait même s’imposer dans une ou plusieurs régions. Une première. Il y a six ans, le Rassemblement national avait totalisé 27,7 % des voix au premier tour. Son plus haut score historique au niveau national. Mais le parti d’extrême droite n’était pas parvenu à confirmer l’essai au deuxième round. Le « front républicain » l’en avait empêché. La gauche avait préféré sacrifier ses candidats en PACA et dans les Hauts-de-France.

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Le barrage tiendra-t-il encore six ans plus tard ? Il « s’effrite petit à petit », constate le politologue Jean-Yves Camus. Du coup, chez LREM on plaide pour un « rassemblement républicain », qui regrouperait autour d’une tête de liste les autres forces « républicaines ». Ce, afin d’éviter des désistements purs et simples qui laisseraient l’opposition uniquement entre les mains du RN.

 

Fusion des listes ou retrait pur et simple ?

« La nécessité est de lutter contre le RN, mais la question est la manière de le faire », estime un conseiller du chef de l’État. Pour lui, les régionales « peuvent être un laboratoire pour voir comment les forces se structurent » avant la présidentielle.

À une semaine du premier tour, rares sont les présidents de régions sortants à afficher leur confiance, comme Laurent Wauquiez (LR) en Auvergne-Rhône-Alpes ou Valérie Pécresse (Libres!, ex-LR) en Ile-de-France.

Pour les autres, ils seront sans doute contraints de chercher des alliances. Il « y aura des configurations compliquées au second tour, avec des triangulaires ou des quadrangulaires qui peuvent favoriser le RN », observe le politologue Pascal Perrineau.

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Dans de nombreuses régions, la question d’une fusion des listes se posera. Et ce même si « entre LR et LREM ce sera compliqué », explique M. Perrineau. Le politologue fait référence au psychodrame qui a secoué les Républicains après l’annonce par le Premier ministre Jean Castex d’un accord avec le sortant LR Renaud Muselier en PACA.

 

La droite pour se rassurer, la gauche encore divisée

Bien que locales, ces élections prennent une dimension nationale encore plus importante que d’habitude en raison de la proximité de la présidentielle. À droite, Valérie Pécresse, Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez attendent du scrutin un tremplin pour se lancer dans la course à l’Élysée. Des trois, le président des Hauts-de-France a déjà annoncé qu’il serait candidat en 2022 en cas de victoire le 27 juin.

« Ces élections seront un indicateur », estime M. Perrineau. Si LR « s’en tire bien, le parti pourra affirmer qu’il n’est pas en crise, qu’il n’est pas déchiré entre LREM et le RN, et que les électeurs lui refont confiance », analyse-t-il.

À gauche, les Verts comptent profiter de la dynamique qui les a portés à la tête de plusieurs grandes villes l’an dernier lors des municipales. Ils misent sur un succès en Pays de la Loire. Un sondage y donne en effet vainqueur au second tour l’écologiste Matthieu Orphelin.

Mais la gauche part divisée, à l’exception des Hauts-de-France où l’écologiste Karima Delli est parvenue à la rassembler autour de sa candidature. Dans les départements, le scénario est identique : les sortants devront faire face à la poussée du Rassemblement national, qui là non plus n’en détient aucun.